Maison de la vieille France située en Bourgogne du sud dans les monts du mâconnais (sud-clunysois). Elle présente deux particularités typiques de la région : sa « galerie mâconnaise » et son « séchoir ».
La galerie, lourde construction supportée par une voûte simple (sur cette façade sud) ou double (comme on verra sur la façade nord), permet d’accéder aux pièces d’habitation. Le dessous, au niveau de la cour, n’est donc qu’une cave (mais pas seulement, notez la porte cloutée en bas à gauche, on en reparlera).
Lorsque la façade est située au sud, la galerie est souvent rehaussée d’un séchoir. Celui-ci, composé de planches ajourées pour une bonne ventilation, permettait de sécher grains ou épis. En arrière de ce niveau supérieur, sous le toit, se trouve ce qu'on appelle « grenier » mais on verra que ce n'est plus du tout le classique "local à grain".

La façade nord ne dispose donc pas de séchoir mais d'un simple escalier de bois. L’accès au grenier est en effet extérieur (nous verrons par la suite pourquoi il a été récemment choisi de mettre aussi une échelle intérieure dans le grenier de maintenant).
Plus intime que son opposé, ce côté que les lilas du printemps embaument, est nommé « côté jardin ». C’est par l’autre, « côté cour », que les voitures hippomobiles arrivaient.

L’accès à l’habitation se fait donc par la galerie sud, soit depuis la cour par l’escalier de pierre, soit par ce portillon depuis le chemin. Le fond de cette galerie est occupé par la cuisine. En effet cette disposition (évier en bout de galerie qui vidait son eau dans le fossé) était jadis très courante. Par contre ce n’était pas toujours un local fermé comme ici. Bien sûr, l’inconvénient d’une telle cuisine extérieure est de devoir sortir de l’habitation pour faire la vaisselle (car il n’y a pas de communication entre les deux). Pour ne pas avoir à faire de feu, même en été, pour la cuisson, j'ai honteusement ajouté un réchaud à gaz. Sortir de l'habitation peut certes paraître contraignant. Moi, j'y vois l’avantage de laisser les mauvaises odeurs à l’extérieur au lieu d’avoir recours aux ventilations et hottes aspirantes des appartements modernes… A méditer !

Une bonne partie des ustensiles d’époque est réunie dans cette « drôle de cuisine » (oui je sais, pas le réchaud, n’insistez pas !) : bassine en zinc, serviette en lin, presse-purée…, et bien sûr (pendu à la poutre - flèche) l’ancestral fouet à ressort qui, à la grande surprise de tout utilisateur, monte impeccablement les blancs en neige (il a été mis un four à gaz, mais dans la cave, pour les gâteaux). Désolé, pas vraiment « tout à l’ancienne » ! Qui peut me dire qu’il est toujours raisonnable face à la gourmandise ?

Avant d'entrer dans l’habitation, continuons sur le sujet des « mauvaises odeurs ». Et oui, là aussi il faut sortir de la maison (nous sommes entrés par la porte cloutée en façade sud). Donc pas besoin de ventilation là non plus. Le seau d'eau joue le rôle de chasse. C'est très efficace et pratique. Le tout est de bien viser en le vidant. Les plus experts d’entre vous seront, à raison, sceptiques sur l’authenticité de ce curieux W.C. Non, dans la France rustique d’antan c’était plutôt la cabine dans le fond du jardin. Avec un simple trou en guise de fosse septique accessible à la pelle, pour fumer le potager. On s'y retrouvait "à la turc" ou assis sur une planche de bois. Mais là c'est tout en pierre ; grand luxe oblige !!
A propos, l'hiver, la pierre, bon Dieu que c'est froid !!!! Mais je maintiens le "grand luxe" car j'ai découpé un tissu troué que je pose avant (je sais, gourmand ET douillet...)

En face du W.C se trouve la baignoire. 100% pierre massive là aussi, 200 kg peut-être ! Mais là non plus « pas vraiment authentique ». Ce bac était à l’origine un saloir. Pour se laver c’était plutôt la bassine devant la cheminée que l’on verra. Mais on y est tellement bien dans ce saloir ambiance bougie ! (nous verrons que cette maison dispose d'une installation électrique mini-mini c'est à dire pas pour l’éclairage).

Et oui, voilà d’où provient l’eau des robinets que vous avez pu apercevoir (évier de cuisine, seau du W.C et bain). Certaines maisons voisines disposent d’une source qui, par gravité, coule son eau directement à l'intérieur. Mais ici c'est le cas courant d'un puits avec l'eau en profondeur. Pour éviter de remonter les innombrables seaux, il y avait la solution bien connue de la "pompe à bras". Mais, au risque de me faire chambrer, j'ai opté plutôt pour la pompe électrique immergée. Et tant qu’on y est on va mettre un cumulus – aie aie aie je m’enfonce dans le modernisme ! Eh, vous êtes marrants, vous ! Elle est froide, l'eau, là dessous. C'est pas l'Islande, ici. Oui je sais : gourmand ET douillet ET frileux. Faites-moi donc voir la vôtre, d'habitation, et on parlementera après...

La voilà cette cheminée. Elle est si grande et le tirage si fort, que la chaleur qu’elle fournit s’en va toute par le conduit ! Il y a une technique moderne très efficace qui s’appelle « insert ». Mais non, là faut pas pousser ! Je ne pourrais pas me passer de cette ambiance « chaudron et crémaillère ». Sur la photo on ne voit pas l'authentique gaufrier en fonte mais sous la flamme c’est mmm !!!
A vrai dire, l'énergie du miel ou confiture de mûre ne suffisant pas à satisfaire mon frileux appétit, j'ai opté pour... oh, j'ose pas le dire... aller... des résistances électriques sous les tommettes... (et on ne rigole pas s'il vous plait !!!, sinon c'est un virus génétiquement cuirassé que je réveille d'un lointain sommeil du fond du puits).

Comme je ne suis pas le seul à être gourmand, surtout quand se répand dans l’entourage la bonne odeur de gaufres à la mure, la grande table s’impose. Vous avez vu ces bancs, ces tomettes, ce rustique meuble grillagé dans lequel repose toute une lingerie de chanvre et de lin, le beau revêtement de chaux sur les murs ? Vous n’imaginez pas, j’espère, que j’aurais porter le vice jusqu’à installer des interrupteurs plastiques dans tous les coins, et des ampoules à un si authentique lustre en fer forgé ? Bien sûr, des bougies, il faut en prévoir un peu partout (je les achète par lot de 150 !). Mais quand leur emplacement est adéquat alors je vous dis pas l’ambiance que ça rend quand s’ajoute à cela de grandes et belles flammes !
Mais le clou de la soirée n’est pas ici. Prenez l’échelle que voici et soyez tout ouie.

Gourmand, douillet, frileux ET musicien. Et oui, j'ai troqué le grain contre un piano. Mais que voulez-vous, l’inspiration est si propice en ce lieu. Vous avez vu ? il m’a fallu prévoir 4 bougies pour lire les partitions la nuit ! Mais ça marche (j’ai l’oreille, ça aide…) Par contre la bibliothèque que l'on devine sur la droite me fait penser à une petite précision : pour lire ou écrire (je suis un peu écrivain sur les bords), une seule flamme suffit. Je sais, vous, vous utilisez votre allogène… Mais dites-moi, quand on a le nez dans les pages, est-il vraiment utile d’illuminer 10 mètres à la ronde ? Autre détail : vous avez vu le plafond ? 100% chêne d’époque. On jurerait qu’il n’y a pas d’isolation. N’est-ce pas messieurs les charpentiers ? Mais j’ai feinté, si si il y en a, je crois que mon piano est encore plus frileux que moi. En plus il est sensible aux variations d’hygrométrie et pour ça, la chaux des murs c’est impec !